D'allure fragile, sa fine constitution ne lui vient que des épreuves qu'il a subies étant enfant. Il essaie de rester discret et de ne pas attirer l'attention sur lui, son sourire a toujours quelque chose de forcé, et sa silhouette menue tend toujours à prendre le moins de place possible.

Certaines personnes sont attirées par cette vulnérabilité qui émane de lui, traduite par tout son corps : un cou fin, des clavicules prononcée au-dessus d'un torse finement sculpté, des bras maigres, une taille étroite et des jambes effilées. Il est plus petit que ces collègues, si bien que lorsqu'il est à côté d'eux il paraît plus jeune encore. Très mince, il porte des vêtements amples qui cachent les restes d'une anorexie violente. Il n'accepte de porter autre chose que pour son travail d'hôte, qu'il fait à la perfection, autrement, il refuse d'enfiler quoique ce soit d'autre.

Son visage est lui aussi très fin, ses joues creuses font ressortir ses hautes pommettes et ses yeux ne laissent rien transparaître des épreuves qu'il a subies, emprunts de douceur et de délicatesse. Ses cheveux sont courts, noirs, très simplement coiffés, une simplicité qui séduit certain(e)s client(e)s et qui s'ajoute à l'image de jeune adolescent qu'il renvoie.

Ryeo Wook a passé plus de la moitié de sa vie en orphelinat. Il y a appris les simples règles de la loi du plus fort. Comme il n'a jamais été très méchant, ils laissaient les autres le prendre pour cible. Car sa constitution de l'époque n'a pratiquement rien à voir avec celle qu'on lui connaît. Subissant tout d'abord les brimades d'enfants sur son visage rond et son corps enveloppé, il a ensuite été mis à l'écart par tous, ne trouvant de refuge que dans ses nombreuses lectures. Il était en très bons termes avec la bibliothécaire de la petite ville de son orphelinat, et avait l'autorisation d'emporter plus de livres que les autres habitués. Seulement, alors qu'il venait tout juste d'atteindre ses dix ans, des “camarades” trouvèrent la cachette où il dissimulait ses livres, et s'amusèrent à les vandaliser. Le pauvre Ryeo Wook n'osa plus jamais retourner à la bibliothèque du village. Il n'eut ensuite plus d'autre havre de paix que ses propres pensées, trop souvent interrompues par les fréquentes humiliations dont il était l'objet. Ce n'était plus les petites moqueries d'enfant, c'était déjà des violences répétées, quotidiennes. Il ne pouvait répondre, dès qu'il tentait de hausser le ton, il en était tout simplement dissuadé par la force.

Alors qu'il avait environ treize ans, il cessa de s'alimenter suite à une mise à tabac plus violente que les autres, qui le mena pendant plusieurs mois à l'hôpital. Le dortoir avait été puni, en entier, et on lui en imputa la cause. Malgré les nombreuses questions qu'on lui posait, il ne répondait rien, gardant le silence. Il ne voulait plus parler. A quoi ça servait? Il n'allait que s'attiser la foudre de ses “camarades”. Lorsqu'il revint à l'orphelinat, il avait affreusement maigri. Son allure osseuse était due à la sous-alimentation qu'il s'était infligée : les médecins voyant qu'il refusait tout aliment solide l'avait mis sous perfusion. Les autres cessèrent de l'approcher, cessèrent tout simplement de le regarder. Il dégageait une sorte d'aura qui criait à quiconque le frôlait de le laisser en paix.

Il n'eut plus à subir longtemps l'ambiance terne de son orphelinat. Une femme, qui se présentait comme la sœur de sa mère, demanda sa garde. Sans poser plus de question que cela, simplement heureux de quitter les lieux de son enfance, il la suivit. Déjà mère de deux enfant, un fils Jun Su et une fille Yoo Rin, Ryeo Wook ne se trouva pas à sa place dans cette famille trop parfaite. Il ne le pouvait, les traces douloureuses de son passé incombait encore à sa façon d'agir. Il essayait de son mieux de satisfaire les attentes de sa tante : il recommençait à manger, peu à peu, sa tante lui préparant ce qu'il préférait pour que cela passe mieux, il jouait avec ses cousins, il était assidu à l'école... Mais quelque chose était brisé en lui, son innocence avait été volée.

L'année de ses dix-neuf ans, son cousin Jun Su l'emmena à un entretien d'embauche pour le Sarang Paradise, très réputé club d'hôtes, dont il avait appris rapidement le fonctionnement et l'histoire, très liée avec son rival le Candelicious, quelques minutes avant de faire face à Shawn Sumi. Celle-ci perçut tout de suite les blessures profondes que cachaient sa timidité et son air fragile, et l'engagea pour le Sarang Paradis de Paris, en France, un pays duquel il ne connaissait que quelques grands auteurs et l'image romantique propagée dans le reste du monde. N'ayant suivi son cousin que pour lui faire plaisir, il refusa net au début. Jun Su, lui, avait accepté. Il réussit à le convaincre de laisser le peu d'attaches qui le reliaient à la Corée pour convoler vers la France et vivre quelque chose de nouveau. Séduit, Ryeo Wook le suivit.

Arrivé à Paris, il furent accueillis par les hôtes engagés plus tôt par leur directrice. Kim Jong Woon prit automatiquement soin de lui. Mu par un besoin de protection envers cet être fragile, Ryeo Wook ne le sut pas vraiment, mais il s'avéra qu'à cause ce geste, il tomba amoureux de son Hyung. Mais celui-ci ayant le cœur déjà pris, par son meilleur ami Lee Sung Min, il se résigna à aimer en silence, ne voulant que ses sentiments gênent celui qui prend soin de lui et le protège. Il ne parvint cependant pas à détester son rival, le trouvant tellement parfait, tellement plus lumineux que lui, trouvant même normal que Jong Woon soit tombé amoureux de lui. Ses autres collègues, il n'a pas vraiment de contact avec eux, non pas qu'il ne les aime pas, mais trop habitué à la solitude, et ne voulant déranger qui que se soit, il reste dans sa chambre ou sors pour prendre les cours de français qu'il suit en ville. Cependant, il apprécie Jong Min, le jumeau de Jong Woon, qui s'applique à lui parler, souvent, même si ce n'est que pour quelques échanges. Il lui est reconnaissant des efforts qu'il fourni pour ne pas l'ignorer, mais ne sait absolument pas que les motivations de Jong Min sont plus profonde qu'un simple intérêt pour sa personne.

Discret, toujours, silencieux, il s'avère parler beaucoup lorsqu'il est à l'aise, avec Jong Woon ou Jun Su, ou encore lorsqu'il travaille en tant qu'hôte. La solitude ne le dérange pas, mais il aime rester avec quelqu'un qu'il apprécie, qui comprend ses silences et avec qui il n'a pas besoin de parler. Il n'a jamais vraiment eu d'amour, son premier étant Jong Woon, ce qui fait de lui un quasi ingénu en la matière. Le fait qu'il soit aussi doué pour charmer les client(e)s est un vrai mystère pour tous, et surtout pour lui-même.